Si improbable que cela puisse paraître, L'Oiseau de Brancusi est directement redevable à Rodin. Il s'agit d'un fragment, puisqu'il n'a pas de pattes et, surtout, pas de tête ; or c'est Rodin qui découvrit que la partie pouvait valoir pour le tout, principe qui fut repris par Brancusi et par quantité d'autres sculpteurs. À l'opposé de Michel-Ange, dont les œuvres inachevées n'étaient effectivement pas terminée, Rodin créa des figures fragmentaires qui sont l'œuvre finie. Un contrôle aussi poussé de l'acte créateur exigeait de l'artiste une forme nouvelle et, pour tout dire, moderne d'introspection.

Rudolf Wittkower, Qu'est-ce que la sculpture ? [1977], trad. Béatrice Bonne, Paris, Macula, 1995, p. 280.