Il imaginait le commentaire de Garett s'il lui racontait la scène à laquelle il avait assisté un peu plus tôt : Jeremy Ware accostant une jeune fille pauvrement vêtue qui parlait aux écureuils, et la fuite éperdue de cette dernière. Le garçon l'avait rattrapée, et, après une brève conversation, était revenu s'asseoir sur le banc, tout déconfit. Garett aurait certainement échafaudé les pires conjectures.
(…)
Il s'attarda sur le banc pour jouir de la caresse du soleil, en remerciant le révérend Henry de lui avoir permis d'aborder Jeremy Ware. À présent, restait à prier pour que celui-ci vienne voir ses plans.
"Je me demande ce qu'Ananias pensera de lui ?, songea-t-il.
Car Ananias aussi possédait un instinct infaillible.

Patricia Wentworth, Prends garde à toi ! [1993], trad. Anne-Marie Carrière, Paris, 10/18, 2014, p. 113.