Les "technologies immatérielles" font partie d'une mutation culturelle d'envergure anthropologique. Notre vision du monde change du tout au tout et par conséquent les rapports entre les personnes et entre les langages sont eux aussi en train de changer. L'art est l'un des éléments, l'un des facteurs, l'un des flux qui contribue à la réalisation de cette grande mutation. Il présente plusieurs caractéristiques, selon l'angle visuel qu'on choisit : on pourrait le considérer du point de vue épistémologique, esthétique, anthropologique et chaque fois on remarquerait un saut qualitatif. Plaçons-nous du point de vue esthétique : les nouvelles technologies sont interactives et métamorphiques, elles agissent dans un cadre linguistique où à la place des anciens référents il y a la dynamique d'une sorte de flux chaotique de mutations interrompues. Il s'ensuit que le but même des données artistiques n'est plus de produire des condensés idéologiques par le modelage d'une matière, par la gestion d'une syntaxe symbolique mais d'aboutir à des actes relationnels. L'acte artistique est devenu essentiellement un acte relationnel.
Piero Gilardi, "Dialogue avec Carlo Terrosi", Turin, 1998, Texte paru dans Arte-It n°0 Bologna, 1999, in Not for sale, À la recherche de l'art relationnel 1982-2000, Dijon, Les presses du réel, 2002, p. 84.