Quand je suis sur les docks et que je vois que ce fichu tas de neige n'a pas fondu d'un poil, je me sens minuscule. Je suis allé le tâter un matin. S'il n'a pas fondu, il a rétréci, il est devenu dur comme de la pierre et tout grisâtre. Je me suis abîmé la main dessus. J'ai demandé plusieurs fois à Paul si ça ne le gênait pas d'avoir ça pratiquement devant sa porte. Il m'a répondu que j'avais un problème. Je lui ai dit : "Mais encore ?…" Il m'a dit : "T'as pas plus urgent à faire qu'à t'occuper d'un tas de neige ?!"

Philippe Djian, Criminels, Paris, Folio Gallimard, 1997, p. 109.