"Ça va… Ça tient…!" a-t-il fini par nous assurer tandis qu'un bruit de verre brisé éclatait dans la grande pièce.
Il s'agissait de la lucarne qui avait explosé par contrecoup. On apercevait des branches de sapin au travers, qui s'égouttaient lourdement.
Ils se sont équipés et sont sortis sur l'esplanade pour voir ce que cela donnait. J'ai remis quelques bûches dans la cheminée, afin de participer à l'absurdité ambiante. J'ai demandé à l'inspecteur si tout allait bien. Il ne m'a pas répondu et a porté son attention sur les boutons de ma chemise qu'il a voulu toucher. Je me suis écarté en répétant ma question. Il m'a considéré avec un air enjoué, que son casque blanc rendait stupide.
Je me suis assis près du feu et j'en ai profité pour réfléchir un moment. Puis je me suis aperçu que les fuites du toit étaient si nombreuses que j'ai renoncé à les compter. Par ailleurs personne ne semblait plus s'en préoccuper. Nous avions fini par nous y habituer et leur lente prolifération nous avait endormis. Cette découverte m'a sidéré. De même que l'insouciante conversation qui se déroulait dehors et que je pouvais observer à travers le radieux ruissellement qui plongeait de la lucarne.
Philippe Djian, Assassins, Paris, Folio Gallimard, 1994, p. 214-215.