Mais au fond, je ne cherche pas à recommander spécialement la pratique du motocyclisme, ni à idéaliser la vie du mécano. Ce que j'essaie plutôt de suggérer, c'est que, si nous suivons à rebours les traces de nos actions jusqu'à leur source, celles-ci peuvent nous instiller une certaine compréhension de la vie bonne. Une telle compréhension peut être difficile à exprimer de façon explicite ; il revient au questionnement moral de la mettre en lumière. Un tel questionnement peut être encouragé par des activités pratiques exercées en compagnie d'autrui, lesquelles donnent lieu à une sorte de conversation en acte. S'il repose sur ce type de conversation, alors le travail peut offrir un certain degré de cohérence à nos existences.
Matthew B. Crawford, Éloge du carburateur, Essai sur le sens et la valeur du travail [2009], trad. Marc Saint-Ypéry, Paris, éditions de la Découverte, Poche, 2016, p. 228.