Quelques mots s'imposent concernant la participation de Rodin aux marbres qui portent sa signature, point qui continue à être source d'incertitude et de désaccord. Dans l'exorde de mon texte, j'avais omis de faire une distinction entre les têtes isolées — La Pensée, par exemple, ainsi que certains portraits tardifs dans lesquels Rodin semble avoir été pleinement engagé — et les marbres comportant plusieurs figures. Personnellement, je persiste à penser que, pour la quasi-totalité de ces derniers, l'attribution à Rodin est erronée. Nous disposons, du reste, d'une abondance de témoignages selon lesquels l'artiste eut toutes sa vie recours à des assistants chargés de transposer ses conceptions dans la pierre. C'était dans le modelage que résidait son génie propre.

Leo Steinberg, Le retour de Rodin, trad. Michelle Tran Van Khai, Paris, Macula, 1991, p. 11.