D'abord parce que la nouvelle aura a partie liée avec "la nouvelle légende de l'artiste" et qu'elle excède de beaucoup, dans le champ des arts plastiques, les pratiques plasticiennes comme telles[1] ; ensuite, parce que le principe de la "collection", au sens que nous lui avons donné jusqu'à présent, trouve un complément — économiquement opportun — dans les ressources techniques qui mettent à la portée de chacun, n'importe où et à n'importe quel moment, les productions artistiques et culturelles liées à l'événement et par conséquent à l'"éphémère". Certains mots, dans les usages auxquels ils donnent lieu, en offrent des indices assez sûrs, à commencer par "éphémère" ou "immatériel" et "virtuel[2]". Dans ces derniers cas, paradoxalement, l'aura a cessé d'être un effet ou une composante de ce qui est "unique", pour devenir un trait de ce qui, au contraire, et essentiellement multiple.
Jean-Pierre Cometti, La nouvelle aura, Économies de l'art et de la culture, Paris, Questions théoriques, collection Saggio Casino, 2016, p. 183.
[1] Voir supra, chap. IV, p. 115 sq.
[2] Ils se rapportent, généralement, aux arts comme la performance, l'art numérique ou le net-art, dans une très grande confusion, toutefois, comme si tout art ne possédait pas, de toute façon, un caractère éphémère et immatériel.