Six heures du matin comme chaque jour, tout est semblable au bord du fleuve à cet homme vivant près, serré dans la matière. Un peu de vent cellulite la surface de l'eau, bascule un squelette de feuille morte, pousse un bout de papier sec dans une flaque, lève la poussière avec un peu de sable. Charles bouge quelquefois, respire trop fort, entend alors quelques pierres qui dévalent comme si c'était à l'intérieur de lui, trouve le temps long malgré son habitude des situations vides.
Jean Echenoz, L'équipée malaise, Paris, Les Éditions de Minuit Mdouble, 1986-1999, p. 97.