En quoi votre concept élargi de l'art est-il différent de celui de "l'esthétisation du politique" conçu par Walter Benjamin ?
Beuys : Oui, il faut esthétiser le politique. Je suis en guerre contre Benjamin. C'est une histoire totalement irréfléchie. Finalement, elle est née sur un sol marxiste et ce sol ne produit rien. Certes, il faut transformer la politique en art, c'était là le point de départ qui m'a permis de dialoguer avec le Dalaï-Lama. Il s'est dit : "Voilà l'homme qui veut transformer la politique en art".
Joseph Beuys, "Dernier espace avec introspecteur" [interview en 1982 par Gaya Goldcymer et Max Reithmann], in Par la présente, je n'appartiens plus à l'art, trad. Olivier Mannoni et Pierre Borasa, Paris, L'arche, 1988, p. 122-123.