Quelles part de votre travail effectuez-vous vous-même, et quelle part faites-vous réaliser hors de votre studio ?
Pas mal de choses sont fabriquées ailleurs, mais j'en fais une grande partie moi-même. Il faut toujours que certaines parties soient réalisées par d'autres pour qu'elles soient impeccables… Ce serait fou de ma part d'investir dans certaines machines. Je n'ai jamais de problèmes avec mes collaborateurs, ils s'intéressent à ce que je fais. Ce sont des gens très différents, ce qui est un plus pour mon travail, par ce qu'ils apportent chacun leur propre touche. Dans certains cas, je collabore toujours avec les mêmes personnes car leurs qualifications sont uniques. Le type à qui je confie les métaux à une façon unique de les travailler. Mais j'ai recours à trois ou quatre personnes différentes pour le polissage, selon la texture dont j'ai besoin. Il m'arrive souvent de confier un élément à quelqu'un et, quand je viens le chercher, je m'aperçois que la personne a, par son travail, ajouté un truc personnel, et ça aussi c'est une bonne chose. Je leur laisse une certaine liberté — notamment parce que leur contribution se limite de toute manière à une petite partie de l'œuvre — car je tiens à ce qu'ils se sentent impliqués.
Comment leur transmettez-vous les directives dont ils ont besoin ?
Ce sont des spécialistes, en général ils savent ce que je recherche. Je n'ai même pas à leur donner un dessin ; seulement quelques mesures, et puis on discute. S'il me rapportent l'élément et qu'il ne correspond pas précisément à ce que je voulais — ce n'est pas forcément grave, une certaine fluctuation peut contribuer à rendre l'œuvre plus intéressante.
Anne Pontégnie, "interview de Gary Webb", in Mirage Of Loose Change, textes de Katia Garcia-Anton, Nadia Schneider, Xavier Douroux, Franck Gautherot, Eric Troncy, Alex Farquharson, Anne Pontégnie, Dijon, éditions Les Presses du réel, 2007, non paginé.