Un être qui n'est jamais soi-même, mais n'est que l'existant. Il n'est jamais existant, mais est l'existant, intégralement et sans abri. Il ne fonde ni ne destine ni n'anéantit l'existant : il n'est que son être exposé, son nimbe, son seuil. L'existant ne renvoie plus à l'être : il est dans le milieu de l'être et l'être est entièrement abandonné dans l'existant. Sans abri et, pourtant, sauf — sauf dans son être irréparable.
L'être, qui est l'existant, est à jamais sauvé du risque d'exister lui-même comme chose ou de n'être rien. L'existant, abandonné dans le milieu de l'être, est parfaitement exposé.

Giorgio Agamben, La communauté qui vient, Théorie de la singularité quelconque, trad. Marilène Raiola, Paris, Seuil, 1990, p. 111.