Madame Rosa avait maintenant des absences de plus en plus prolongées et elle passait parfois des heures entières sans rien sentir. Je pensais à la pancarte que Monsieur Reza le cordonnier mettait pour dire qu'en cas d'absence, il fallait s'adresser ailleurs, mais je n'ai jamais su à qui je pouvais m'adresser, car il y en a même qui attrapent le choléra à La Mecque. Je m'asseyais à côté d'elle, je lui prenais la main et j'attendais son retour.

Émile Ajar, La vie devant soi, Paris, Folio Mercure de France, 1975, p. 151.