Il est difficile pour l'art de survivre à la médiocrité et à l'esprit d'exploitation qui dominent tout. L'idée d'un artiste gentil, un peu niais, qui a besoin d'une main secourable, mais ferme, est une sous-catégorie de celle selon laquelle la gentille classe ouvrière et les gentilles classes moyennes auraient besoin d'un maître autoritaire — cette catégorie elle-même relevant de la soumission et de la culpabilité que toutes les grandes institutions réclament des populations. (…)
Comme je l'ai dit, Panza exploite le désir de travailler des artistes, et emprisonne l'artiste entre ce désir et celui d'être convenablement traité. L'artiste devrait se soumettre pour pouvoir travailler. L'artiste est coupable tantôt parce qu'il se soumet, tantôt parce qu'il travaille. Puis il devient assômant, il devient un fardeau parce qu'il travaille.
Donald Judd, Arts Magazine, mars 1973, in Écrits 1963-1990, trad. Annie Perez, Paris, Daniel Lelong éditeur, 1991, p 258.