À la sortie de Nanterre, il ne reste plus de la cité de transit construite pour les immigrés dans les années soixante que des plaques de béton au sol, marquant l'emplacement des maisons. Pendant vingt ans, des gens ont vécu là, des enfants. On les voyait du train jouer dans la boue. Les voyageurs de 1990, sur la ligne A du R.E.R., ne savent pas tous le sens de ces plaques qui ressemblent à des dalles funéraires et entre lesquelles l'herbe pousse mal encore.
Annie Ernaux, Journal du dehors, Paris, Gallimard, 1993, p. 93.