La conscience qui hésite n'exprime sa vocation d'unité qu'en se dépassant dans une conscience de soi douloureuse, dans une présence à soi aigüe et solitaire ; refluant vers moi-même, je me sens terriblement exister, à la façon d'une plaie vive. Mais cette conscience blessée de moi-même où je me rassemble n'est pas autre que la conscience intentionnelle partagée entre ses esquisses de projet ; l'unité d'aperception de ma division intime ne tient pas lieu de l'acte de choix qui seul m'unifierait dans l'acte ; elle s'épuise à faire apparaître ma propre dissémination.

Paul Ricœur, Philosophie de la volonté, 1. Le Volontaire et l'Involontaire [1950], Paris, Essais Points, 2009, p. 184.