Pour mieux comprendre l'oeuvre de cet artiste quadragénaire de Chicago je pense qu'il faudrait avoir aussi à l'esprit un autre travail intitulé Green Florescent Protein, qui a été présenté en tant que "projet en cours" au public attentif et silencieux du symposium de Brucknerhaus. Il s'agit de la construction transgénétique d'un chien hybridé avec un mollusque "jelly fish" — dont il prend la fluorescence verte, visible dans le noir sous la lumière de Wood. De toute évidence, la modification de ce chiot ne pourra pas ne pas se répercuter dans la sphère des significations linguistiques, ainsi que cela s'est produit pendant les vingt mille années de la sélection canine où l'homme — affirme Eduardo Kak — a domestiqué le chien de même que le chien a domestiqué l'homme. C'est pourquoi la relation entre ce chiot et un hypothétique acquéreur-collectionneur ne pourrait être sur la base d'un dialogue. L'artiste, par les caractères paradoxaux des gènes artistiques, réels et symboliques à la fois, nous informe que la signification prééminente de l'ingénierie génétique n'est pas la recréation faustienne de la vie, mais la naissance d'une nouvelle subjectivité relationnelle.

Piero Gilardi, "L'art et l'ADN", Linz, 1999, Texte paru dans Flash Art n°218, Milan, 1999, in Not for sale, À la recherche de l'art relationnel 1982-2000, Dijon, Les presses du réel, 2002, p. 207.