Après la mort de Lisa, très vite, Laure avait pensé se débarrasser des affaires de sa fille en les donnant à la Croix-Rouge. Elle était sur le point de les appeler quand Richard avait soudain craqué et s'était senti mal. Plus tard ils avaient fini par trouver un compromis avant de regagner leurs chambres respectives. Dès le lendemain matin, aux premières heures, Richard était descendu en ville et en avait rapporté cinq malles de tôle de couleur bleu marine qu'il avait transporté sur son dos de la voiture à la chambre, puis, cette fois pleines, cadenassées, pesant au moins cinquante kilos chacune, de la chambre au sous-sol où, empilées, elles se trouvaient encore aujourd'hui — un sarcophage, un monolithe enduit de peinture brillante que les Trendel s'efforçaient d'oublier.



Philippe Djian, Impuretés, Paris, éditions Folio Gallimard, 2005, p. 26.