Ils se retrouvèrent serrés l'un contre l'autre. Légèrement terrorisés. Une peur qui devait sans doute remonter au temps des cavernes. Le frigo s'ouvrit et son contenu se répandit sur le sol, ajoutant au fracas qui résonnait dans la maison tout entière, et, ensuite, ce fut au tour de l'écran plat qui glissa du mur et expira sur le carrelage. quand au chien, dehors, il courait en rond de plus en plus vite en gémissant — un numéro presque risible.
Quand ÇA se termina — quand le tremblement des jambes ne provint plus de secousses mais de la terreur pure et simple —, il se rua dans l'escalier et la trouva cachée sous son lit. Il la serra dans ses bras.
Ils descendirent. "Tu n'étais pas en train de te moquer de moi il y a cinq minutes ?" fit Maria dont la chevelure était recouverte d'un léger voile de poussière.
"Comment peux-tu avoir le cœur à plaisanter ? Franchement ?"
Les deux femmes s'étreignirent. L'épicentre des dégâts se trouvait dans la cuisine — ils avaient emporté des restes du réveillon et il avait abondance — où la nourriture était mêlée aux débris de verre, au contenu des placards, aux ustensiles, aux morceaux de faux plafond, aux fromages, qui jonchaient le sol. Des dizaines d'alarmes sonnaient alentour. Alors maintenant le chien hurlait.
Édith s'avança au milieu des décombres avec une grimace. Le frigo que leur avait offert Catherine Da Silva s'était effondré de tout son long, comme un ivrogne au milieu de son vomi. Une dernière assiette glissa d'une étagère avec un petit cri de souris, mais Édith bondit et la rattrapa in extremis.
Philippe Djian, Doggy bag, saison 6, Paris, Folio Gallimard, 2008, p. 224-225.