Tout autour, la ville miroite et clapote. Édith, qui eut longtemps la phobie de l'eau, surmonte brillamment l'épreuve. Elle refuse de s'inquiéter de l'appétit sévère de Marc pour le sexe et reste persuadée qu'elle a fait le bon choix — elle pense parvenir à réduire leur séance à deux fois par jour dans un avenir assez proche.
Elle revient de loin. Elle revient de si loin que parfois elle se sent à bout de forces mais elle tient bon. Elle gère tout ça. Elle a même réussi à ne pas affronter sa fille, à échanger quelques mots avec Irène. Elle gère tout ça.
Dans l'ensemble, il s'agit d'un équilibre précaire, assez étonnant, si branlant qu'il en acquiert une sourde fermeté, tout rompant qu'il s'affirme avec les lois les plus élémentaires de la physique des corps qui s'entrechoquent.
Philippe Djian, Doggy bag, saison 4, Paris, Folio Gallimard, 2007, p. 12-13.