Le train était bien arrivé, mais il nous fallut gagner notre destination en tramway. Le nôtre était très haut de plafond, avec quatre sièges, un plafond de fer-blanc et des stores en toile pour faire écran aux rayons de soleil. Les tramways sont généralement attelés à six mules, et deux voitures — de première et de seconde classes — sont affrétées dans les deux sens tous les jours. Elles circulent sur des voies ferrées, initialement prévues pour les automobiles à vapeur. Une quantité importante de marchandises est transportée de cette manière. Le village autour de la gare était exclusivement composé de huttes en paille. Nous fûmes bientôt tous installés à bord, aux côtés de soldats de la garde nationale armés, comme on dit, jusqu'aux dents. Au signal de la cloche, le tramway s'ébranla et partit. Notre joie aurait été complète si notre cocher néavait pas fouetté continuellement ses pauvres mules. La contrée était agréable à contempler : les hauts et gracieux palmiers, les cacaotiers, les orchidées et les fleurs sauvages qui s'épanouissaient par centaines, les oiseaux multicolores, certains sifflant une mélodie divine, d'autres se baignant dans le ruisseau qui courant le long de la voie en roucoulant, l'air délicatement parfumé, etc., tout contribuait à rendre la scène plus charmante encore. Il était intéressant d'observer les habitations et les rites domestiques en vigueur dans ce coin retiré.

6 mois au Mexique, un reportage de Nellie Bly [1888], trad. Hélène Cohen, Éditions du sous-sol, 2016, p. 134-135.