Mais jusque-là, peu importe ce qui se passait à d'autres lieux de la Terre. Car tout se jouait en un seul endroit, du moins tout ce qui avait une importance. La vie habituelle était mise hors jeu. Ce qui arriva de plus important, et c'était décisif, à la vie à la mort se passa dans un rectangle. Au fond d'une piscine sans eau, dans un demi-sous-sol équipé d'une fenêtre panoramique donnant sur une jungle presque impénétrable. Et c'était l'époque de l'année où la végétation était la plus verte, la plus dense et la plus haute. Cachant le paysage mais offrant aussi une protection contre le monde. Contre l'été et les gens qui le peuplaient. Tous les autres. Et ce fut efficace. Au début personne ne sut ce que fabriquaient les filles, ni où elles étaient. Au début, personnes ne sut que les filles n'étaient pas parties en voyage.
Monika Fagerholm, La fille américaine [2004], trad. Anna Gibson, Paris, éditions Stock, Le Livre de Poche 2007, p. 319.