Aliocha se tient debout dans le noir, en équilibre instable, son corps n'est qu'une matière vibratile oscillant dans l'espace insituable du train, la tête lui tourne, il manque de s'affaler sur Hélène, se redresse in extremis, il faut qu'il mange, qu'il trouve à boire, qu'il sorte lui aussi pisser, se passer de l'eau sur la figure, des actions nécessaires qui lui rappellent qu'il a un corps et que ce corps doit s'arracher de ce train.
Maylis de Kerangal, Tangente vers l'est, Paris, Gallimard Verticales, 2012, p. 95.