Quoique le XVIe siècle fût une période de guerre quasi continuelle, ce fut également un moment de créativité et d'inventivité intenses dans le domaine des arts. Le thé fut un champ d'expérimentation considérable en ce qui concerne les objets, l'espace architectural et le rituel lui-même. C'est en s'inscrivant dans ce courant que Rikyu remporta ce qui devait constituer sa réussite esthétique la plus durable : placer clairement les éen (des objets wabi-sabi) au même niveau artistique que les trésors de la production chinoise, lisses et parfaits[1]. Il créa également un nouveau type de pavillon de thé, en se basant sur le modèle d'une hutte de paysan, aux murs de pisé, au toit de chaume et à la charpente de bois irrégulière et apparente. Il réduisit les dimensions de l'espace intérieur à seulement deux tatamis, c'est-à-dire 3,62 m2.
Leonard Koren, Wabi-sabi, à l'usage des artistes, designers, poètes & philosophes [1994], Vannes, éditions Sully — Le Prunier, 2015, p. 37-38.
[1] Au début, les objets wabi-sabi étaient des ustensiles que Rikyu et ses associés trouvaient dans les fermes, à l'étranger, etc. Finalement, le maître devint "directeur artistique" et chargea des artisans de produire des objets originaux dans la même veine.