— Vous avez vu ? fit le type en désignant un point par terre au-dessous de l'Opel. Vous ne pourrez pas rouler comme ça longtemps.
Une tache sombre s'étalait sous la voiture, aussitôt bue par le gravier. Georges ouvrit le capot, et le type blond regarda par-dessus son épaule un goutte-à-goutte de lubrifiant qui suintait lentement mais résolument du carter, comme une vie quitte un corps par battements. Puis cela s'accéléra : une colonne immobile d'huile noire reliait bientôt le véhicule au sol.

Jean Echenoz, Cherokee [1983], Paris, Les éditions de Minuit Mdouble, 2003, p. 200.