De toutes les servitudes qui affectent l'objet de série, la plus évidente est celle qui concerne sa durée et sa qualité technique. Les impératifs de la personnalisation se conjuguant à ceux de la production font que prolifère l'accessoire aux dépens de la stricte valeur d'usage. Toutes les innovations et les jeux de la mode rendent d'abord l'objet plus fragile et plus éphémère.
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Les deux derniers aspects de ce système sont solidaires : le renouvellement accéléré des modèles influe à lui seul sur la qualité de l'objet — les bas seront offerts en toutes couleurs, mais de qualité moindre (ou bien on aura économisé sur la recherche technologique pour financer une campagne de publicité). Mais si les fluctuations dirigées de la mode ne suffisent pas à renouveler la demande, on aura recours à une sous-fonctionnalité artificielle : le "vice de construction volontaire".
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Ainsi certaines pièces de voitures américaines sont faites pour ne durer que soixante mille kilomètres. La plupart des objets de série pourraient être, les producteurs eux-mêmes le reconnaissent discrêtement, bien supérieurs en qualité pour un coût de production sensiblement égal : les pièces "fragilisées" coûtent aussi cher que les pièces normales.
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Dans un monde d'abondance (relative), c'est la fragilité qui succède à la rareté comme dimension du manque. La série est maintenue de force dans une synchronie brève, un univers périssable. IL NE FAUT PAS QUE L'OBJET ÉCHAPPE À LA MORT.
Jean Baudrillard, Le système des objets, Paris, Gallimard, 1968, p. 203-204.