Un jour je suis entré dans une des salles de bains chez eux (elles étaient plutôt sinistres, sans rideau de douche ou lunette de W-C, à l'étage comme en bas, avec du truc noir qui germait dans la baignoire) et j'ai eu un choc en voyant un des costumes de son père, trempé et malodorant, pendu comme un corps sans vie à la tringle de la douche : rêche, informe, en laine marron boulochée de la couleur de racines arrachées, il gouttait de manière horrible sur le sol tel un golem au souffle humide de la mère patrie, ou encore un vêtement repêché dans un filet de police.
Donna Tartt, Le chardonneret [2013], trad. Edith Soonckindt, Paris, Plon Pocket, 2015, p. 366-367.