Malgré leur "réalisme" et leurs intentions éducatives, certaines reconstitutions véhiculent jusque dans les manuels scolaires des hypothèses fragiles, inspirées de fantasmes éloignés du savoir contemporain[1]. D'autres vont chercher leur inspiration dans une préhistoire de bazar, où l'animal préhistorique devient une figure de fiction qui oscille entre l'image terrifiante du monstre et celle de la peluche inoffensive de dessins animés, où l'immensité des temps géologiques s'aplatit pour faire des dinosaures les contemporains des mammouths et des Hommes de Cro-Magnon… Le pouvoir de l'image est tel qu'elle peut imposer des clichés, des fantasmes séculaires et des mythes, et constituer parfois un obstacle plutôt qu'une invitation à la réflexion.
Claudine Cohen, La méthode de Zadig, La trace, le fossile, la preuve, Paris, éditions du Seuil, 2011, p. 140.
[1] Voir Pascal Semonsut, L'Eacuteducation à la préhistoire en France, fin XIXe siècle-XXe siècle, thèse de doctorat, université de Paris IV, 2008.