La première soirée ne fut donc pas consacrée à un tournage, mais à une simple partie de poker retransmise en direct sur internet. Valère trouvait ça spectaculaire. Il était persuadé que les joueurs allaient apprécier l'ambiance macabre qui créerait autour d’eux une tension inédite. Et de fait, c'est ce qui se produisit. Ils adorèrent cet espace d'incertitude.
(…)
Cela donna un résultat jusque-là jamais vu. L'alliance du jeu et de la mort. De toute manière c'était un championnat parallèle, en marge du circuit officiel. On pouvait prendre des risques insensés à l'image des joueurs eux-mêmes. Le lieu, tramé de stress et d'horreur, se dilatait presque dans leurs systèmes nerveux. Leurs yeux rougissaient d'une gaieté putride. C'était comme si les vaisseaux éclatés de leurs sclérotiques cherchaient &grave dessiner le dédale sinueux qui les accueillait.

Bruce Bégout, On ne dormira jamais, Paris, Allia, 2017, p. 44.