Évoquer la notion de transactions entre disciplines fait surgir un écart qui n'a pas échappé à l'historien d'art Hal Foster (1929-). Dans un entretien de 1998, il soulignait : "Désormais il existe tant de positions qui se réclament de l'interdiciplinarité et que je considère pourtant hors du champ disciplinaire. Pour être interdisciplinaire, il faut d'abord être disciplinaire — à savoir être rattaché initialement à une discipline, préférablement à deux, et connaître la spécificité de chacun de discours avant de prétendre les mettre en relation. À présent, de nombreux jeunes gens s'intéressent à l'interdisplinarité avant même de s'interroger sur ce qu'est une discipline. En résulte trop souvent un piètre éclectisme, un pas-grand-chose plus entropique que transgressif[1]." Ici, bien que Foster dénonce plus les effets indésirables de l'interdisciplinarité que l'interdiscplinarité elle-même, il exhorte ceux qui se prêtent à cette opération à redoubler de vigilance, tant l'exercice est ardu. Selon Foster, l'interdisciplinarité exige une expertise des disciplines impliquées et contredit la tendance à un passe-passe facile et paresseux.

Alexandra Midal, Design, introduction à l'histoire d'une discipline, 2009, Paris, Pocket Univers Poche, p. 184.

[1] "An interview, Hal Foster" propos recueillis par Alex Coles in de-, -dis, ex-. The Anxiety of Interdisciplanirity, vol. 2, Alex Coles et Alexia Deffert (éd.), Londres, BLACKless Books et Black Dog Publishing, 1998, p. 162.