Morale et Good Design Il serait tout à fait possible de construire une histoire cohérente du design et de sa production par le biais du double principe de la vérité et de la morale, deux notions constamment sollicitées pour qualifier le design dès son origine.
(…)
Quand il publie What is modern design ?10 (Qu'est-ce que le design moderne?), un fascicule dans lequel il expose le Good Design[1] dont il reprend la dénomination à Gloag qui l'utilisait avant-guerre pour qualifier le design britannique, Kaufmann Jr. Opère "une fusion complète de la forme et de la fonction révélant une beauté simple et pratique[2]". Sobre et fonctionnel, le design associe la technique à des matériaux modernes et rejette toute ornementation. Ses principes fondateurs sont les suivants : "Répondre aux exigences pratiques de la vie moderne ; être l'expression de notre temps ; profiter des récentes découvertes dans les beaux-arts et la science ; se familiariser avec les nouveaux matériaux et les techniques et en tirer avantage ; développer les formes, les textures et les couleurs en accord avec les matériaux et les techniques utilisés ; exprimer clairement la fonction d'un objet ; souligner les qualités d'un objet ; révéler les méthodes de sa production sans tromperies, créer une unité satisfaisant visuellement la fonction, les matériaux et les procédés de fabrication ; être structurellement et esthétiquement simple et sans ornements ; dominer la machine pour qu'elle serve l'homme ; être au service du plus grand nombre, et considérer les besoins modestes et les coûts peu élevés comme aussi importants que la pompe ou le luxe[3]." Kaufmann revisite les notions d'authenticité et de vérité du design et les valide tant dans l'usage de ses matériaux que dans ses procédés de fabrication, de son prix que de la simplicité de son usage.


Alexandra Midal, Design, introduction à l'histoire d'une discipline, 2009, Paris, Pocket Univers Poche, p. 111-112.

[1] Edgar Kaufmann Jr., What is modern design ? Introductory Series to the Modern Arts-3, New York, The Museum of Modern Art, 1950, p. 7.
[2] Ibid., p. 9.
[3] Ibid.