Broodthaers partait de l'idée qu'une nouvelle conception de l'art pourrait naître de l'examen critique du contexte au sein duquel l'œuvre d'art fonctionne. En guise de continuation des différentes sections du Musée d'Art Moderne, il organisa durant les six derniers mois de sa vie une série de six expositions qu'il désigna du nom de Décor et où il se tendait à lui-même un miroir. De même qu'un poète dispose, à chaque fois qu'il écrit, des mêmes mots, Broodthaers utilisait son propre alphabet visuel pour créer une synthèse nouvelle. Lorsqu'on réunit des œuvres, nouvelles ou non, dans des vitrines, des ensembles et des installations, les significations se déplacent, des relations cachées apparaissent et de nouvelles séries naissent se référant les unes aux autres.
Anna Hakkens, "Permettez-moi de vous présenter… Marcel Broddthaers", in Marcel Broodthaers par lui-même, trad. Marnix Vincent, Gand/Paris, Ludion/Flammarion, 1998, p. 25.